Numérique
Analyse de la situation
L’emprise des GAFAM est continuellement pointée du doigt. Pourtant, les efforts pour se passer de leurs services, même quand cela est plutôt facile à réaliser, sont très limités. La ville de Nancy ne semble pas avoir pris position officielle à propos des GAFAM : en effet, sa politique numérique semble bien ancrée dans le périmètre des géants du net.
La ville de Nancy a ouvert ses portes aux Ateliers Google, qui profitent d’un local rue Saint Dizier. Les formations « gratuites » offertes lors de ces ateliers se traduisent en un renforcement de l’emprise que la firme américaine possède sur l’identité numérique de chacun d’entre nous.
La situation semble meilleure du côté des logiciels utilisés. Selon Romain Pierronet, 90 à 95% des ordinateurs utiliseraient LibreOffice au 1er décembre 2019. Le système d'exploitation serait en revanche encore Windows. À remarquer que les mises à jours ne semblent pas être faites de façon systématique. Lors de la réunion de quartier du 14 octobre, l'ordinateur utilisé pour le diaporama était encore sous Windows 7, système d’exploitation obsolète et qui n’est plus maintenu à jour par Microsoft. Cet ordinateur a été par deux fois victime d'un écran bleu (crash du système). S’il s’agit d’un cas isolé qui concerne un ordinateur utilisé seulement pour les déplacements et qui n’est pas connecté au réseau, le risque est moindre. Mais si d’autres ordinateurs, connectés au réseau et contenant des données sensibles, tournent encore sous un système obsolète et avec des failles de sécurité qui ne sont plus réparées ni réparables, on peut craindre des conséquences plus sérieuses. Les exemples d’institutions publiques victimes de « rançongiciels » qui exploitent des failles de sécurité dans les systèmes qui ne sont pas à jour se comptent par dizaines.
Propositions
Promouvoir la transition vers les logiciels libres et les formats ouverts
Nous proposons de poursuivre la transition vers les logiciels libres et s'assurer que les formats ouverts sont adoptés par défaut. En effet, même si LibreOffice semble être plébiscité, il faut encore s'assurer que les fichiers produits ne soient pas dans un format propriétaire.
Aujourd’hui, les textes sont écrits en format .doc(x), les tableurs en format .xls(x), les présentations en format .ppt(x), qui sont tous des formats propriétaires, c’est-à-dire des formats liés étroitement aux logiciels qui le produisent. Il ne s’agit absolument pas d’un format « standard », même si très répandu. Le format standard pour les documents est le format OpenDocument, qui d’ailleurs en France est le seul recommandé comme format bureautique par le référentiel général d'interopérabilité depuis sa version 2.0, validée le 20 avril 2016. Il s’agit d’ailleurs d’un format certifié ISO : ISO/CEI 26300. En d’autres termes, la Ville de Nancy utilise systématiquement un format de propriété d’une firme américaine au lieu du format standard ISO, qui est un format ouvert ! La suite Office de Microsoft n’est que partiellement compatible avec le format OpenDocument, et cela est certainement un choix stratégique pour quasiment obliger ses clients à utiliser le format propriétaire.
La transition vers la suite LibreOffice, déjà bien avancée selon les affirmations de la ville, ne comporte pratiquement aucune difficulté : même l’interface utilisateur est très proche de celle de Microsoft.
La transition vers des systèmes d’exploitation libres de type Linux demande en revanche un investissement en termes de temps d’adaptation : il s’agit de changer les habitudes, mais aujourd’hui l’environnement graphique est désormais tout à fait proche de celui auquel les utilisateurs Windows et Mac sont habitués. Cet investissement est vite rentabilisé sous forme d’économie de licence. Même si la licence du système d’exploitation n’est pas très chère, il faut multiplier ce prix par le nombre de postes dans l’administration de la ville, qui est loin d’être anecdotique. Les économies réalisées pourraient être utilisées autrement.
Des ateliers du Libre
Cette transition devrait s’accompagner de formations gratuites pour tout citoyen souhaitant passer au « libre », dans l'esprit des contribateliers, en « concurrence » aux Ateliers Google. L’Université de Lorraine dispose non seulement des compétences mais aussi des moyens pour participer à ces formations. Par exemple, des étudiants de Licence, qui doivent obligatoirement effectuer des stages en entreprise, pourraient être sollicités pour participer à ces formations, le tout à coût zéro. Un partenariat plus fort entre la ville et l’Université pourrait ainsi être établi.
Nancy, ville Chaton
Face aux GAFAM, des « résistants » comme Framasoft s'organisent pour offrir une alternative libre, plus éthique, respectueuse des données privées, à travers des initiatives comme Dégooglisons internet. L'objectif n'est pas mettre en place un fournisseur de services libres, mais de montrer qu'une autre approche est possible. Après une croissance qui a porté à l’ouverture de 37 services, les nouveaux projets sont portés par une forte logique de décentralisation, sous la forme du réseau Chatons, initiés en 2016. Framasoft souhaite de la sorte permettre à des collectifs, un peu partout en France, de proposer des services hébergés localement. Nous proposons que la Ville de Nancy rejoigne l'initiative et devienne ville pilote du libre ! Le retour sur investissement en termes d'image sera remarquable !